Bâtir son réseau pour travailler dans la construction
Publié le 22 juin 2018Porté par de grands chantiers comme la construction du nouveau pont Champlain et les travaux sur l’échangeur Turcot, le secteur de la construction a enregistré un taux d’activité presque record l’an dernier dans la région de Montréal. Ce taux devrait toutefois se stabiliser en 2018 à l’échelle de la province.
De bonnes perspectives
D’ici 2022, le Québec aura particulièrement besoin de couvreurs, de vitriers, de poseurs de revêtement souple, de mécaniciens d’ascenseur, de carreleurs, de plâtriers, mais, aussi, de peintres. En moyenne, l’industrie offrait des salaires de 40,74 $ de l’heure en 2016.
Mais attention, le secteur doit composer avec rudesse des hivers québécois. L’arrêt pur et simple de beaucoup de chantiers et la baisse drastique d’activité en hiver fait peser des contraintes fortes sur la main d’œuvre. Une situation qui permettrait d’expliquer l’importance du travail au noir au Québec, que le gouvernement et la Commission de la construction du Québec (CCQ) tentent d’endiguer depuis 1995. Malgré les efforts déployés et les 400 inspecteurs déployés sur le terrain, le phénomène a la vie dure. Revenu Québec estime le manque à gagner à plus d’1,5 milliards de dollars par an pour le seul secteur de la construction au Québec.
Un milieu surtout composé d’hommes québécois « pure laine »
Côté diversité, l’industrie de la construction affiche certains retards par rapport à d’autres secteurs. Si les immigrants constituent 13% de la population active au Québec, ils ne représentent que 6,4% des effectifs dans la construction, contre 16,6% dans l’ensemble du Canada.
Quant aux femmes, elles se comptent sur les doigts de la main. La CCQ vise à atteindre un taux de féminisation de 3% d’ici la fin de l’année en combattant, notamment, la discrimination et le préjugé selon lequel les femmes seraient trop faibles physiquement pour évoluer dans ce secteur. « Le travail dans la construction passe de plus en plus par l’utilisation de technologies, c’est donc de moins en moins une question de muscles, souligne Mélanie Malenfant, directrice des communications pour la CCQ. C’est avant tout un travail d’équipe. »
À savoir
L’embauche des travailleurs diplômés étant favorisée, il est essentiel d’obtenir un diplôme ou de faire approuver l’équivalence d’études complétées à l’étranger. L’expérience de travail peut aussi être reconnue à travers la reconnaissance des acquis et des compétences. Les situations variant d’une personne à l’autre, il s’agira de contacter la CCQ pour obtenir l’information applicable à son cas. Certains nouveaux arrivants devront néanmoins suivre une ou plusieurs formations afin d’être autorisés à œuvrer dans le millieu de la construction au Québec. « De manière générale, les personnes voulant travailler dans l’industrie doivent s’attendre à devoir se perfectionner tout au long de leur carrière », ajoute Mélanie Malenfant.
Selon leurs qualifications et le type d’emploi qu’ils exercent, les employés de la construction se voient remettre un certificat de compétence d’apprenti, de compagnon ou d’occupation, les compagnons étant les mieux rémunérés. Un apprenti doit accomplir entre 2 000 et 10 000 heures de travail pour devenir compagnon.
À noter que l’industrie de la construction est régionalisée, au Québec. Souvent, il est interdit d’aller travailler sur un chantier hors de sa région de résidence.
L’importance du réseautage
Une fois son certificat de compétence décroché, il reste à dénicher un employeur. Une nouvelle étape parfois difficile pour les nouveaux arrivants qui ne peuvent pas toujours bénéficier de l’appui d’un réseau. Arrivée du Maroc il y a cinq ans, Fatima Boussarhane, technicienne en architecture dans son pays d’origine, a mis quatre ans à trouver un emploi à temps plein dans son domaine.
« On me reprochait mon manque d’expérience québécoise, dit-elle. Ici, le code du bâtiment et les techniques de construction sont différents. Au Maroc, on construit surtout en béton, alors qu’au Québec, beaucoup de bâtiments ont une ossature en bois. »
Même après être retournée sur les bancs d’école pour suivre une AEC en construction et rénovation de bâtiments, Fatima Boussarhane peinait à intégrer le marché du travail. C’est en faisant du bénévolat pour les Elles de la construction, un OBNL qui vise à promouvoir la place des femmes dans l’industrie, qu’elle va rencontrer son employeur lors d’un 5 à 7.
« C’est grâce aux Elles de la construction que j’ai compris que la clé était dans le réseautage ! »