Enseigner au Québec : persévérance requise !
Publié le 26 février 2018Pour être en mesure d’exercer leur métier, les professeurs immigrants doivent tout d’abord demander un permis d’enseigner auprès du ministère de l’Éducation qui analyse les dossiers au cas par cas. Ce permis temporaire est valable 5 ans. Si le ministère refuse de l’accorder, ils doivent retourner sur les bancs de l’université pour compléter un baccalauréat en enseignement.
Ensuite, pour être autorisé à enseigner de manière permanente, le professeur doit obtenir son brevet d’enseignement en réussissant 5 cours universitaires portant sur le système scolaire québécois et sur la psychopédagogie, ainsi qu’un stage probatoire d’une durée comprise entre 600 et 900 heures.
Postuler auprès des différentes commissions scolaires
Pour accomplir ces heures de stage ou pour travailler avec son permis d’enseigner temporaire, encore faut-il réussir à décrocher un contrat auprès de l’une des 72 commissions scolaires qui emploient les enseignants au Québec.
Beaucoup d’entre elles font passer une entrevue de sélection aux candidats. « Souvent, les immigrants sont recalés, car, par méconnaissance du système scolaire québécois, ils ne parviennent pas à donner les réponses attendues », explique la chargée de cours en sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, Ariane Provencher, qui a étudié les difficultés rencontrées par les enseignants issus de l’immigration.
Une longue insertion professionnelle
Qu’il ait été formé ici ou à l’étranger, un enseignant qui travaille au Québec doit passer par la suppléance et le cumul de contrats à temps partiel, puis à temps plein, avant de pouvoir obtenir un emploi permanent dans une école primaire ou secondaire. « Moi-même, cela m’a pris 7 ans », se rappelle celle qui a pourtant étudié au Québec.
Les candidats immigrants sont souvent en concurrence avec les jeunes diplômés du baccalauréat en enseignement qui ont eu l’opportunité de développer un réseau lors de leurs stages réalisés pendant leurs études.
Cumulant le manque de connaissances du système québécois et l’absence de réseau dans le secteur, les nouveaux arrivants sont nombreux à rester au bas des listes d’appels de suppléance. Afin de mieux réussir les entrevues de sélection, Ariane Provencher conseille de se documenter sur la manière d’enseigner au Québec, de suivre des cours, de travailler dans un service de garde ou encore de faire du tutorat. « Les immigrants qui fréquentent le système scolaire par l’intermédiaire de leurs enfants s’adaptent plus facilement », a-t-elle aussi constaté.
Certaines commissions scolaires, situées dans des régions isolées du Québec, peinent à recruter du personnel. Pour les nouveaux arrivants, y trouver du travail peut donc s’avérer moins ardu que dans les grands centres urbains.
Se faire tutoyer par les élèves
Pour faciliter leur insertion professionnelle, les enseignants doivent apprendre à se familiariser avec des méthodes d’enseignement parfois différentes de celles pratiquées dans leur pays d’origine. Ici, l’enseignement est moins magistral qu’ailleurs et le bien-être des élèves passe avant l’excellence. Plutôt que d’avoir un professeur qui transmet son savoir de manière verticale, l’idée est de placer l’élève au cœur de l’apprentissage et de rendre ce dernier interactif.
« Les élèves s’attendent à être sollicités et à être acteurs de la construction de leur savoir, souligne Joëlle Morissette, professeure agrégée à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Si ce n’est pas le cas, ils risquent de se montrer moins coopératifs.»
Les élèves sont également habitués à négocier avec leur professeur et à développer une relation personnalisée avec lui. « Les enseignants venus d’ailleurs sont souvent surpris de se faire tutoyer par leurs élèves ou de se faire demander s’ils sont mariés », indique celle qui s’intéresse aux enseignants formés à l’étranger dans le cadre de ses recherches.
Ayant adopté une politique inclusive à l’égard de tous, le système scolaire québécois accueille les élèves à besoins spéciaux dans les mêmes classes que les autres. Les enseignants se doivent d’accorder une attention différenciée à chaque enfant, quel que soit son niveau, et de travailler en collégialité avec des équipes multidisciplinaires composées d’orthopédagogues, d’éducateurs spécialisés ou encore d’orthophonistes.