Harcèlement au travail: comment le reconnaître et que devez-vous faire?
Publié le 22 juillet 2020
Vous avez pu le constater dans différents médias: une vague de dénonciation de harcèlements secoue le Québec actuellement. Différents milieux de travail, différentes personnalités publiques ou anonymes sont responsables de ces agissements. Une occasion supplémentaire d’aborder le harcèlement au travail, puisque ce fléau existe encore malheureusement au Canada, en 2020!
Avant de continuer, nous jugeons important de commencer par une définition juridique de ce qu’est le harcèlement. Qu’est-ce que le harcèlement psychologique ou sexuel?
Selon la définition de la Commission canadienne des droits de la personne, le harcèlement est:
“Une forme de discrimination. Il s’agit de tout comportement physique ou verbal indésirable qui choque ou humilie. En général, le harcèlement est un comportement qui persiste au fil du temps. Les incidents ponctuels graves peuvent parfois aussi être considérés comme du harcèlement.”
Comment reconnaître une forme de harcèlement?
Le harcèlement peut avoir plusieurs formes au travail: il peut être sexuel ou psychologique, souvent sournois à tel point que les victimes hésitent à en parler. Que ce soit par peur des représailles, celle de perdre leur emploi ou à cause d’une lenteur des procédures administratives et judiciaires liées à ces formes de discrimination.
Sinon, cela peut être tout simplement par méconnaissance des employés et de ce qu’est réellement une forme de harcèlement versus une blague de mauvais goût.
Si on se réfère au site du Gouvernement du Canada, le harcèlement est soit un incident unique considéré comme grave. Le plus souvent, c’est la répétition de comportements, de remarques et de gestes inappropriés.
Chaque comportement, pris seul, peut sembler inoffensif; c’est le caractère synergétique et répétitif du comportement qui entraîne des effets néfastes.
Site du Gouvernement du Canada
Le harcèlement au travail englobe donc le harcèlement fondé sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial, la situation de famille, la déficience et l’état de la personne graciée.
Selon la définition du Gouvernement du Canada, le harcèlement en milieu de travail consiste en la tentative répétée et persistante de tourmenter, de diminuer ou de frustrer une personne ou de provoquer chez elle une réaction. C’est un comportement persistant qui effraie, intimide ou handicape une autre personne ou qui crée chez elle une pression.
De ce que nous remarquons, la diversité des définitions et l’insistance sur certains termes comme répétés, persistante, frustrer,etc. est nécessaire afin de bien expliquer aux potentielles victimes quand est-ce qu’elles font face à du harcèlement.
En 2016, 13,6% des hommes déclarent avoir subi une forme de harcèlement au travail, contre 18,2% des femmes au Canada. C’est beaucoup, malgré les différentes campagnes de sensibilisation et les politiques de lutte contre toute forme de harcèlement au travail. Une autre bonne raison de continuer le travail de sensibilisation et de dénonciation de ces formes de discriminations.
Que faire si on pense être victime de harcèlement?
Dans un premier temps, vous pouvez envisager 3 options:
- tenter de régler le problème avec la/les personne(s) concernées
- ne pas rester isolé et en parler avec une personne de confiance
- attirer l’attention de l’employeur sur la situation
Dans un second temps, au Québec, il existe des procédures que vous pouvez entamer si vous pensez être victime de harcèlement. La CNT (Commission des normes du travail) peut recevoir vos plaintes dans un délai de 90 jours suivant la dernière manifestation de harcèlement subie. Sachez que la Loi sur les normes du travail vous protège en cas de représailles de votre employeur ou de toute autre personne visée par la plainte.
Exemples de situations
Reconnaître une situation de harcèlement au travail n’est pas toujours chose évidente. Celle-ci est souvent mêlée à un climat de travail toxique et délétère. Le Gouvernement du Canada a rédigé des exemples pour aider à la compréhension. Nous les reprenons dans cet article à titre indicatif.
Ce qui ne constitue pas du harcèlement
Bob est un superviseur. Dan, un des membres de son personnel ne finit jamais ses tâches et les laisse à la personne de la prochaine équipe. Bob lui en a parlé à deux reprises de façon courtoise et lui a laissé deux notes. Étant donné que le rendement de Dan ne s’améliore pas, Bob le rencontre à nouveau pour discuter des objectifs de travail, des conditions et des échéances.
Ce qui peut constituer du harcèlement
Bob rencontre Dan une troisième fois, devient impatient et lève le ton de sa voix durant la réunion.
Ce qui constitue du harcèlement
Bob parle à Dan de façons abaissante et humiliante et le traite d’individu lent, paresseux et incompétent. Il a menacé de le congédier plus d’une fois s’il ne se ramasse pas. Il l’a averti que beaucoup de gens font la file pour le remplacer. En colère, Bob lance le rapport de Dan à la poubelle et rit sarcastiquement de Dan.
Dan considère que Bob a été grossier à son égard en faisant des commentaires désobligeants et offensants. Il en a peur. Dan craint également que ses moyens de subsistance soient menacés.
Pourquoi c’est important de dénoncer?
Selon un sondage d’Angus Reid datant de 2018, 72% des gens n’ont pas dénoncé du harcèlement sexuel vécu au travail.
Cette statistique suffit à elle seule à rendre compte de l’importance pour toutes les entreprises de se doter d’une politique de prévention contre toutes formes de harcèlement.
Bien entendu, ces politiques ne peuvent être efficaces que si elles sont accompagnées de formations à l’interne et d’une sensibilisation accrue. Si vous êtes responsable des ressources humaines dans une entreprise, n’hésitez pas à afficher cette politique, à l’envoyer par courriel et à la mettre en avant sur votre site Web. Si vous tenez à votre culture d’entreprise, nous vous conseillons de mettre en évidence cette politique.
Il faut dire que l’avènement du mouvement #moiaussi a changé la perception de beaucoup de personnes sur ce genre de violences. Ce mouvement est parti pour laisser un impact dans les organisations et dans tous les milieux de travail.
Rien ni personne ne peut justifier ce genre d’agissements. Plus jamais la banalisation de toute forme de discrimination et de harcèlement. Nous pouvons tous ensemble faire mieux.
