Infidèle à son employeur : envers qui devez-vous réellement faire preuve de loyauté?
Publié le 18 août 2014Un récent article paru sur le site Les Affaires prétendait que les Canadiens étaient infidèles à leurs employeurs : 75% d’entre eux changeraient d’emploi si on leur offrait une rémunération plus élevée, et 70% ferait de même « si le nouveau poste offrait de meilleures occasions d’avancement de carrière ».
Ces statistiques ne m’étonnent pas, au contraire. Le salaire est un indice de succès fréquemment abordé lorsqu’il est question de réussite professionnelle. Un point important n’est toutefois pas soulevé dans cet article: qu’en est-il du bien-être personnel conjugué au travail? Est-ce une raison valable, une motivation, au même titre que le salaire, de préférer un employeur à un autre? Est-ce réellement être infidèle vis-à-vis son patron que de choisir un emploi qui correspond davantage à notre style de vie? Pas à mon avis.
Afin de rendre plus clairs mes propos sur ce sujet (délicat, j’en conviens), mettons en scène la réalité de plusieurs d’entre nous :
Vous occupez actuellement un poste au sein d’une entreprise, et ce, depuis quelques années. Votre travail vous satisfait et votre patron vous témoigne sa reconnaissance. Votre équipe de travail est dynamique et vous avez une bonne relation avec vos collègues. Vous êtes visionnaire et songez quelquefois à de nouveaux défis qui vous permettraient de vous dépasser. La tête dans les nuages, vous vous résignez en vous répétant qu’ici et maintenant, vos tâches se résument au mandat qui vous a été attribué et vous tentez de le réaliser du mieux que vous le pouvez en donnant votre 100 %.
Outre une meilleure rémunération et de plus grandes responsabilités, vous songez également aux avantages sociaux dont vous pourriez bénéficier en travaillant ailleurs, que ce soit un horaire plus adapté à votre style de vie, une sécurité d’emploi ou autres accommodations. Vous ne cracheriez certainement pas sur plus de temps en famille, sur des assurances dentaires ou sur un meilleur régime de retraite ! Mais la réalité étant ainsi faite, vous avez des obligations professionnelles et vous devez livrer la marchandise sans trop en demander.
Prenez le temps de réfléchir et soyez honnêtes. Diriez-vous non à de meilleures conditions si l’opportunité se présentait à vous?
Vivre mieux, un choix qui ne regarde que vous
Qu’entend-on par meilleures conditions? Conciliation travail-famille, avantages sociaux, flexibilité : les priorités ne sont pas les mêmes pour tous les salariés. Le meilleur poste pour une personne n’est pas le meilleur pour une autre.
Chose certaine, aspirer à mieux et saisir sa chance lorsqu’elle se présente à nous, ce n’est pas être capricieux ni vouloir tout cuit dans le bec. C’est plutôt trouver chaussure à son pied, son fauteuil ajusté, sa place au sein d’une entreprise qui contribue à notre épanouissement sous toutes les sphères de notre vie, car nous ne nous définissons pas uniquement par notre travail. Fondamentalement, nous sommes des individus. Certes des employés, mais à la base des hommes et des femmes composant une société. Il est tout à fait justifiable de préférer un style de vie qui correspond à nos besoins, à notre image.
Travailler pour vivre
Ne nous mettons pas la tête dans le sable : nous travaillons certes pour collaborer au succès de l’entreprise à laquelle nous consacrons la majeure partie de notre temps, mais principalement pour y tirer profit, car nous devons gagner notre vie. Mais afin de donner un sens à ce rythme de vie effréné, nous travaillons surtout pour en profiter.
Sans nécessairement toucher un meilleur salaire, le fait de travailler pour une entreprise nous offrant plusieurs avantages (prestations de maternité ou parentales, horaire variable, etc.) contribue à notre bien-être, nous procurant une plus grande motivation et un sentiment d’épanouissement.
Changement d’emploi, fruit générationnel?
Nous ne sommes plus ces baby-boomers qui travaillaient pour la même entreprise dès leur entrée sur le marché du travail, et ce, jusqu’à leur retraite. Fruit générationnel, me direz-vous. Un nombre faramineux d’études tendent à démontrer les différences entre les habitudes des X, des Y, des Z et de l’alphabet en entier. Non sans être pertinentes, ces observations scientifiques visent à rendre compte de l’évolution des priorités et des façons de penser, d’être et d’agir des individus. Chose certaine, les propos qui dénigrent et comparent chacune de ces générations m’horripilent. Je ne ferai pas le tour de la question ; nos besoins sont tout simplement différents et nous devons en être conscients.
Saisir les opportunités !
Pour s’épanouir tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, l’individu doit sentir ses efforts récompensés, son travail motivé par quelque réussite ou accomplissement que ce soit. C’est pourquoi viser plus haut ou convoiter un emploi dont les avantages sont plus nombreux est un acte tout à fait légitime de la part de l’employé.
Le terme « infidélité » n’a pas lieu d’être dans ce contexte. Au contraire, la loyauté, que ce soit envers soi-même ou envers son employeur, est synonyme de sincérité et d’honnêteté. Le premier pas vers l’équilibre et le bien-être est tout d’abord de prendre conscience de ses propres besoins.
Lorsque nous savons ce à quoi nous aspirons, nous gardons les yeux ouverts et sommes plus à l’affût des opportunités. Et être opportuniste, ça commence en étant proactif, prévoyant, réceptif, ouvert, disponible. Qui sait, peut-être que l’emploi de vos rêves vous sera offert demain!
Par Arianne Caron