Jacques et la reconnaissance au travail
Publié le 19 janvier 2015« Je n’ai aucune reconnaissance au travail! » Combien de fois l’ai-je entendue celle-là? Souvent, très souvent. Avec les années, de très nombreux travailleurs acharnés m’ont confié qu’ils ne se sentaient pas reconnus au travail. Sans égard au métier ou à la profession, cette perception est bien documentée dans la littérature. On dit même que le manque de reconnaissance est une cause fréquente de détresse psychologique au travail.
Personne ne reconnait mon travail
Prenons Jacques (personnage fictif*) par exemple. La dernière fois que j’ai vu Jacques, il me l’a encore dit et il est catégorique : « Personne ne reconnait mon travail! » Pourtant, il est compétent, fiable, constant, méticuleux, travaillant et expérimenté. Une valeur sûre. Jacques a des attentes très élevées envers son supérieur. Secrètement, il espère la consécration pour sa rigueur dans son travail et sa dévotion envers son employeur. Mais le pauvre Jacques n’est pas LE numéro 1. Il est plutôt quelqu’un sur qui tout le monde peut compter pour maintenir la cadence et arriver à bon port.
Jour après jour, Jacques en fait toujours plus. Il espère attirer l’attention de ses patrons. Il espère en silence les grosses félicitations. Ses attentes sont élevées et il ne trouve pas les signaux attendus! Pas étonnant, il ne cherche que les grosses démonstrations de profonde gratitude. Alors, il ne voit plus les petits signes. Bien sûr, son patron pourrait en faire plus. Mais vous conviendrez que c’est assez rare qu’on déroule le tapis rouge pour les bons employés. C’est plutôt réservé aux « gros performants »!
Inscrivez-vous à notre infolettre
Eh bien, aujourd’hui, Jacques ne sourit plus. Il en a marre d’attendre cette reconnaissance de ses patrons. Il souffre tellement de ces attentes qu’il s’épuise professionnellement. Et comme il n’en peut plus, sa production diminue. Il fait des erreurs. Il est enfin remarqué, mais… pas pour les bonnes raisons!
« Le patron n’est pas le seul à pouvoir t’apprécier. Alors, pourquoi tout attendre de lui? »
L’Homme (avec un grand H!) a besoin d’être rassuré, de se sentir vivre dans le regard des autres. Mais s’il n’est pas attentif à ces regards, s’il n’a d’attentes que pour le regard d’une personne qui se fait attendre, ne risque-t-il pas d’être déçu?
L’employeur, le patron, le supérieur immédiat, peu importe son titre, il n’est pas le seul responsable de la reconnaissance au travail. Son avis est certainement important, mais il n’est pas exclusif. La reconnaissance au travail peut venir d’ailleurs!
Les collègues de Jacques l’apprécient! Les collègues sont souvent les mieux placés pour juger de la qualité du travail rendu. Ils voient bien qu’il fait du bon travail. C’est d’autant plus valorisant qu’ils connaissent la valeur des actions posées et qu’ils sont très bien placés pour le remarquer. Ce genre d’appréciation compte beaucoup… lorsqu’elle est perçue!
Jacques ne voit pas les signaux de tous ceux qui l’entourent! Ses clients aussi aiment son professionnalisme, surtout ceux qui demandent à être servis uniquement par Jacques et personne d’autre. Les fournisseurs apprécient la rigueur de Jacques. D’ailleurs, il ne manque jamais une occasion de les aider à améliorer leur efficacité et leurs façons de faire! Par surcroit, Jacques est aussi demandé pour former ses pairs à l’interne ou dans son association professionnelle. Ce sont d’autres signes, de bons signes, beaucoup de signes.
Prends le temps d’apprécier ce qui t’entoure, Jacques!
Jacques, c’est à toi que je parle. Regarde tous ces signes, Jacques, toutes ces marques de reconnaissance. Apprécie-les! Regarde autour de toi! La réceptionniste qui ne manque pas un matin pour te saluer sincèrement. Un beau bonjour, ça compte aussi! Il y a plein de petites choses qui peuvent rendre une journée agréable. Chaque contact avec les gens qui t’entourent dans ton milieu de travail est un petit bonheur à savourer. Et si tu vois ces petits signes, tu seras encore plus attentif aux autres, les plus grands.
Es-tu porté toi-même à saluer quelqu’un que tu rencontres et qui regarde par terre? Relève le menton! On attire les sourires par des sourires! Même lorsque tu ne parles pas, tu dis quelque chose. Fais attention aux messages non verbaux que tu envoies. Montre de l’ouverture!
Et si…
Et si on se donnait la chance d’être réceptif aux signaux qui nous sont envoyés par notre entourage! Un sourire dans l’ascenseur, un bonjour en ouvrant la porte, un regard en croisant les gens dans le couloir, c’est aussi ça, la reconnaissance : la reconnaissance de notre existence dans le reflet que nous renvoie le regard de l’autre. Et si on se donnait la peine de répondre à un regard par un sourire? Au lieu de voir ce qui manque, pourquoi ne pas porter attention et apprécier tout ce qu’il y a, ce qui est? Une belle piste, non? Crois-tu pouvoir essayer ça, Jacques? Peut-être qu’ensuite il te sera possible d’être plus attentif et de percevoir les signaux des patrons? Et, dans tous les cas, ce sera plus agréable pour tous de te rencontrer si tu es plus… accueillant!
Et si regarder autour de soi et prendre le temps d’apprécier tous les signaux était un pas vers le mieux-être? On porte attention à l’effet des autres sur soi, mais prenons-nous aussi le temps de prendre conscience de l’effet qu’on a sur les autres? En mettant tous nos sens aux aguets, on peut constater qu’on ne laisse personne indifférent. Répondre aux sourires, aux bonjours, c’est plus qu’un merci ou un bravo, c’est une porte ouverte sur un « comment ça va? »…
Et si c’était aussi ça, la reconnaissance au travail?
*Jacques est un personnage fictif. Ça pourrait aussi arriver à Jacqueline, mais c’est l’histoire de Jacques que je raconte. Toute ressemblance n’est que pur hasard. Une autre preuve que ça peut arriver à tout le monde.