Mon travail, mon moi

placeholder-jobillico-image Publié le 15 avril 2013 Par

Quand j’étais à l’université, j’enviais souvent ceux qui, parmi mes amis, faisaient des études débouchant sur une profession, par exemple avocat ou physiothérapeute – ils avaient un objectif concret, un but précis. Leur avenir était tout tracé, une fois leur diplôme obtenu, ils entreraient sur le marché du travail pour pratiquer leur métier, alors que moi, j’avais l’impression de flotter d’une classe à l’autre, désireuse de bien faire dans mes cours de littérature anglaise, mais dépourvue de motivation. Tandis que ma date de remise des diplômes approchait, je cherchais toujours une réponse à la question qui me hantait depuis longtemps : « Et maintenant, je fais quoi? »

J’ai terminé ma maîtrise, mais trouver du travail ici, à Ottawa, sans une bonne expérience dans un bureau n’était pas évident. J’étais déterminée à gagner cette expérience et à me joindre au rang de ces nombreux amis qui avaient franchi le seuil de l’âge adulte en ayant une adresse se terminant par « gc.ca ». Combien j’enviais leur carrière, dans un cubicule ou un bureau à eux tous seuls, avec des collègues qu’ils rencontraient autour d’un café chez Starbucks (vous pouvez vous permettre Starbucks quand vous avez une carrière!). J’y suis finalement parvenue, mais, adulte sur le tard, je me suis vite rendu compte que la carrière dont je rêvais s’était transformée en fumée. Jour après jour, je m’asseyais dans mon cubicule, sous un néon bourdonnant, et souriais poliment à ma collègue qui ne se lassait pas de faire les éloges de son chien saucisse, et pour toute tâche, je réservais des salles de réunion. Quel cauchemar, me disais-je. Et maintenant, je fais quoi?

Petite digression : vous souvenez-vous de l’école primaire, quand l’enseignante faisait une petite séance de remue-méninges, craie en main? Par exemple, on demande à des élèves de cinquième année à quoi ils associent le mot « politique » écrit au tableau. La petite lèche-botte de la classe lève la main et lance « premier ministre ». L’enseignante écrit le mot au tableau tandis qu’une autre main se lève : « Obama ». Quelques minutes après, toute la classe s’y met : « Voter! » « Colline parlementaire! » Chacun a son idée, stimulé par les trouvailles des autres. Quelqu’un lance : « Ennuyeux! » et tout le monde éclate de rire, mais l’enseignante écrit quand même le mot au tableau – le gamin n’a pas tort. Là où je veux en venir? Les enfants apprennent que leurs idées sont raisonnables et acceptables. Mieux encore : que réfléchir est amusant!

Retour à la réalité : nous ne sommes pas des enfants. Nous devons tous payer des factures, et la phase d’apprentissage semble beaucoup plus ardue lorsque votre supérieur compte sur vous. On n’a pas nécessairement le temps de se poser des questions ou d’avoir des idées originales quand on essaye juste de garder la cadence. Même lorsque j’avais une idée ou envie de faire une suggestion au travail, mon principal souci était de n’irriter personne – je faisais mes huit heures par jour en échange d’un chèque aux deux semaines et d’avantages sociaux, et je ne voulais pas sacrifier cela. Mais après environ douze mois à ce rythme dans un bureau, ma petite voix intérieure s’est encore manifestée, cette fois plus aiguë et plus frustrée : Et maintenant, je fais quoi?

Et c’est là que le bât blesse. Il m’a fallu un an de plus pour trouver un équilibre entre ma frustration et mon désir de donner mon plein rendement et avant de passer à autre chose.

J’ai atteint un tournant quand mes idées ont pris le dessus sur ma frustration. J’ai commencé à demander l’avis d’entrepreneurs prospères et de présidents-directeurs généraux pour comprendre comment ils s’y étaient pris pour réussir. J’ai aussi commencé à me rendre compte que certaines de mes idées étaient assez bonnes pour que je les partage, même si elles n’avaient rien à voir avec mon milieu de travail. J’ai commencé à rédiger un blogue, à rédiger des articles qui étaient publiés dans des journaux locaux. Cela m’a permis de satisfaire mon désir de création et de gagner quelques dollars de plus. Quand je n’étais pas au bureau, je peignais, j’écrivais, j’ai même appris à faire ma propre musique numérique, et je m’entourais des gens que je préférais. Cette grande qualité de vie à la maison m’a permis de prendre conscience d’une chose très importante : au fin fond de moi, je suis une artiste. Mais étant donné que les artistes ne gagnent généralement pas beaucoup d’argent (surtout dans une ville de fonctionnaires comme Ottawa), j’avais depuis longtemps fait une croix là-dessus. Je ne m’étais pas rendu compte qu’en éliminant la possibilité de faire carrière dans le milieu des arts, j’avais renoncé à ma propre identité.

J’ai quitté mon emploi quand j’ai décidé de ne plus m’autocensurer. À ce tournant de ma carrière, j’ai lancé ma petite entreprise de rédaction et révision; j’ai créé mon site Web et dessiné mon logo; j’ai appris le design graphique; créé un nouveau logo original pour un groupe de recherche en santé du milieu universitaire; lancé ma propre boutique de cadeaux sur Etsy.com; obtenu un contrat d’écriture me permettant d’être plus visible auprès d’une nouvelle clientèle; mis au point une ressource Web pour les femmes et sorti mes premiers morceaux de musique sur Soundcloud.com. La liste est longue. Je m’éveille le matin excitée à l’idée de créer, de combiner mes compétences de femme d’affaires à une bonne dose de créativité. Le chèque de paye n’arrive plus aux deux semaines, et des fois c’est très insécurisant, mais la peur et la négativité ne sont pas productives, alors j’ai choisi de me faire confiance. J’adore ce que je fais, et même si j’évolue dans le monde des travailleurs autonomes, la passion et la joie m’habitent. Je fais du bon travail. Vous en avez aussi la possibilité.

Avec du recul, « mon diplôme en arts sans issue » était une bonne chose. Certaines choses doivent mijoter longtemps avant d’être à point, c’était le cas de ma confiance en moi. Le fait d’avoir travaillé dans des milieux dépourvus de toute stimulation a eu l’effet de piquer ma créativité. Par exemple, je passais mon heure de lunch à créer des affiches avec un programme de design graphique, ou je montais un dossier contenant un échantillonnage de mes écrits. De quelle manière pourriez-vous occuper votre heure de lunch pour vous propulser vers de nouveaux horizons professionnels?

Vous aussi, vous pouvez devenir entrepreneur, c’est-à-dire une personne ayant la confiance et l’intelligence nécessaires pour avoir une idée originale, l’évaluer et la concrétiser. Pas la peine d’avoir un diplôme prestigieux ou un groupe d’investisseurs derrière vous. Il faut juste du courage. Oui, le jeu comporte un certain risque, mais ce risque est atténué par une bonne dose d’initiative et de passion, un entêtement à n’être autre chose qu’un inlassable ouvrier s’adonnant au projet le plus grandiose.

Si vous êtes dans une impasse et que vous occupez un emploi que vous ne pourriez vraiment qualifier de « carrière », je vous mets au défi de jouer à l’adulte pendant une seconde et de vous poser les questions suivantes :

Qu’est-ce qui est important pour moi?
Qu’est-ce que je fais bien?
Qu’est-ce que j’aime faire?

Le tournant de votre carrière se cache là, dans ces réponses. Un grand « ah! » de soulagement vous attend au bout du tunnel, comme une fête surprise. Et vous serez peut-être réellement surpris par cette illumination soudaine.

Allison Whalen est rédactrice à la pige et blogueuse pour Options Carrières.

Pour plus de renseignements, veuillez consulter : magazineoptionscarrieres.com

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