Permis fermés : Quand le recrutement ressemble à « Mariés au premier regard » !

Permis de travail fermé Publié le 29 octobre 2024 Par

On le sait tous, les nouvelles règles d’immigration ont chamboulé les plans d’un grand nombre de chercheurs d’emploi rêvant de bâtir leur vie au Québec.

La recherche d’emploi est devenue une version de la populaire émission de téléréalité « Mariés au premier regard ». Avec les permis ouverts retirés du jeu, les nouveaux arrivants doivent maintenant chercher un employeur prêt à s’engager dans une démarche « pour la vie » et les convaincre qu’ils n’auront d’yeux que pour lui…

Mais comment s’assurer que cette histoire se termine en beauté ? Avec une pointe d’humour, explorons les vérifications essentielles à faire autant comme chercheur d’emploi qu’employeur.

Les enjeux des permis fermés

Depuis 2024, plusieurs changements dans la politique d’Immigration Canada rendent impossible pour les visiteurs de convertir leur statut en permis de travail de l’intérieur du pays. Cette politique a été abrogée en août 2024 afin de renforcer l’intégrité du système migratoire canadien et de limiter les abus (Canada, IRCC).

Soyons francs : s’engager dans un contrat d’embauche sans bien se connaître, ressemble à un « mariage arrangé ». Et comme toute alliance de deux personnes qui ne se connaissent pas, les permis de travail fermés au Canada soulèvent de nombreux enjeux, tant pour les travailleurs étrangers que pour les employeurs.

Changements majeurs pour les travailleurs étrangers

Les critères des permis fermés imposent des limitations strictes : les travailleurs ne peuvent qu’occuper le poste pour lequel leur permis a été délivré et dans la même entreprise. L’employé(e) s’engage auprès d’un employeur spécifique sans possibilité de changer facilement de travail, sauf par l’obtention d’un autre permis, ce qui est un processus complexe et coûteux.
Cela réduit donc la mobilité professionnelle, du moins pour le temps du permis, soit environ deux ans.
Il est important de savoir que le nombre de travailleurs temporairement autorisés à rester dans le pays est de plus en plus régulé afin de freiner l’augmentation de la main-d’œuvre temporaire. Bien sûr, puisque l’obtention du permis fermé priorise les contrats d’embauche obtenus avant l’arrivée du travailleur, il est fortement déconseillé de venir avec un « visa de touriste » en espérant rester au pays.

Augmentation des coûts de recrutement pour les employeurs

Les employeurs, eux aussi, devront investir beaucoup d’argent pour recruter des personnes qualifiées.

En plus des coûts de recrutement habituels, incluant l’affichage des postes et les vérifications de dossier, s’ajoutent des frais d’avocats spécialisés en immigration. Afin de confirmer que l’emploi d’une personne étrangère respecte la main-d’œuvre disponible au pays, l’employeur doit également faire l’objet d’une étude d’impact sur le marché du travail (EIMT), ce qui rallonge la durée du processus d’emploi.

Au total, les coûts pour un permis fermé sont estimés entre 4 000 et 8 000 $, en incluant la vérification des antécédents et l’obligation d’établir un contrat de travail conforme aux exigences du permis fermé.

En cas de départ prématuré du travailleur, ces investissements sont perdus, forçant les employeurs à recommencer le processus.

Recruter des travailleurs qualifiés avec un permis fermé représente donc un investissement financier important ! Cependant, même si cette démarche peut repousser certaines entreprises, elle assure aux secteurs très en demande d’obtenir des travailleurs en priorité.

Avant de dire oui, on se renseigne !

Conseils pour les chercheurs d’emploi

Obtenir un emploi avec un permis fermé est encore possible, bien sûr. Il est important de savoir que certains secteurs seront plus faciles à intégrer. Il s’agit souvent de métiers techniques dont la main-d’œuvre n’est pas suffisante au pays.

Les secteurs prioritaires bénéficiant d’un traitement accéléré pour les travailleurs temporaires sont les suivants :

  • Agriculture et transformation alimentaire (travailleurs saisonniers)
  • Santé et soins de longue durée en région (nécessitant des études québécoises ou une équivalence reconnue)
  • Travail en construction à faible salaire (dans certaines provinces du Canada)
  • Bouchers et travailleurs de la viande (Programme Agri-Food Pilot)

Pour éviter les abus de contrats, il est essentiel de bien se renseigner sur l’entreprise et leur réputation d’employeur en ligne. Au-delà de l’information obtenue par les recruteurs, visitez le site Web et leurs réseaux sociaux, en plus d’analyser la description du poste. Assurez-vous de comparer les avantages offerts, car ils ne sont pas aussi généreux que dans d’autres pays (la France, notamment).

Vous avez obtenu une entrevue ? N’hésitez pas à poser des questions sur l’équipe, la culture de l’entreprise, leurs forces et leurs faiblesses comme employeur et même le style de gestion de votre futur(e) gestionnaire. L’important est de clarifier les attentes de toutes parts, dès le début, pour éviter des déceptions.

Conseils pour les employeurs

Tout comme n’importe quelle relation à long terme, la communication est la clé du succès. L’application du « Culture Fit » est donc une compétence incontournable dans une démarche de recrutement international.

Une erreur de recrutement coûte cher sur le plan financier et humain. Il est donc essentiel de bien communiquer les valeurs de l’entreprise et vos attentes face au rôle et au contrat, et ce, tout au long du parcours de l’employé(e). Assurez-vous de questionner les compétences techniques de la personne, mais surtout ces compétences interrelationnelles (soft skills) qui assureront son intégration dans l’équipe de travail.

Malgré vos besoins en main-d’œuvre, votre objectif devrait toujours être de créer un « match » solide entre votre équipe et les candidat(e)s visé(e)s. Avec cet objectif en tête, vous assurerez d’avoir tous les facteurs de succès pour un recrutement réussi !

Relation spontanée ou partenariat durable ?

Quoique la majorité des participants sont bien intentionnés, il est bien connu que des relations spontanées ne tiennent pas forcément la route. Quoique la perfection n’existe pas, le secret d’un partenariat durable est la communication, la gestion des attentes et l’engagement des parties prenantes.

Peu importe votre rôle, assurez-vous de vous informer suffisamment pour votre démarche soit une réussite pour tous !

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