Toujours mesurer la portée des mots que l’on utilise
Publié le 1 octobre 2015Toujours, un petit mot anodin utilisé couramment au quotidien. C’est un mot qui peut facilement mettre le feu aux poudres s’il n’est pas interprété comme ça le devrait. Il peut porter à confusion. C’est bien connu, ce n’est pas recommandé de juger ou de prendre des décisions sur la base de perceptions!
« Je les ai vus, ils sont toujours à la machine à café et ils parlent. Est-ce qu’il leur arrive de travailler? Non, mais! »
Que l’on soit un gestionnaire ou un employé, dans le feu de l’action, on peut souvent tomber dans l’exagération ou simplement manquer de précision. Avant d’agir ou de partager ses impressions sur une situation qui pourrait porter à conséquences, il convient de chercher à saisir et mesurer la portée des mots qu’on utilise.
À titre d’exemple, voici quelques indicateurs relatifs au mot toujours qui vous aideront à mettre les choses en perspectives.
Toujours, dans le sens de répétition
La fréquence – par définition, toujours est un adverbe généralement utilisé pour marquer la fréquence de quelque chose qui revient régulièrement. Cependant, il peut manquer de précision surtout dans un contexte de prise de décision. Est-ce qu’on veut dire que c’est souvent, occasionnellement ou continuellement? Combien de fois : une, deux, dix, cent, plus ou encore… sans arrêt? Ça vaut la peine de vérifier.
Toujours, comme dans continuellement?
La périodicité – Si on se plaint d’un cas isolé qui revient régulièrement et qu’on dit que ça arrive toujours, on a intérêt à préciser la durée du cycle pour être pris au sérieux. On cherchera à situer le moment où se répète l’évènement. Est-ce que ça se produit toujours à la même période de la journée, du mois, de la saison, de l’horaire? On cherche à préciser le cycle.
Toujours, éternellement, perpétuellement
Le moment – À quel moment se répète l’évènement? Toujours à la même heure, à la même occasion, en début de journée, lorsque l’ascenseur arrive, lorsque la lumière tourne au vert, lorsqu’il pleut? Est-ce sur l’horaire de nuit, quand la tension monte d’un cran… c’est quand toujours?
En tout temps, sans relâche
La durée – Quand ça va mal ou que ça ne va pas à son goût, la durée d’un toujours peut faire toute une différence! Toujours sans relâche vs toujours quelques secondes à la fois, ce n’est pas la même chose, d’où l’importance de préciser ce qu’on dit ou de poser les bonnes questions.
C’est toujours ça de gagné !
Le résultat – Des données, un objectif, une cible qualitative ou quantitative, cherchez à mettre le résultat en perspective. « Comme toujours, c’est lui qui a la meilleure performance », « C’est toujours la même chose qui arrive », « On gagne toujours avec cette combinaison gagnante. » Ah oui? Vraiment? Eh bien!
Toujours est-il que…
Pourquoi prendre le risque de tout mettre dans le même panier pour un toujours? Quelques questions bien placées peuvent vous épargner bien des soucis. Est-ce qu’on prend bien le temps de valider ce qu’on perçoit en précisant les toujours? Cette réflexion a été inspirée au départ par un mot qui a retenu mon attention lors d’une conversation anodine. Elle aurait aussi pu être inspirée par les mots tout, partout, jamais et bien d’autres encore qui, selon le contexte, peuvent porter à conséquences ou mettre dans l’embarras.
Dans tous les cas, ces pistes sont des indicateurs utiles. On le voit bien dans le cas présenté plus haut. Avec un peu plus de détails, on comprendrait que les gens dont on parlait ne sont pas toujours en pause-café. Ils se réunissent dix minutes à la fois, tous les jours, même deux fois par jour. Et oui, le reste du temps, ils travaillent!