Un pour tous et tous pour un!

Publié le 13 juillet 2015 Par

Ce vieil adage ne pourrait mieux traduire la philosophie de la course à relais, bien qu’il ne soit pas toujours facile de s’imprégner de cette pensée.

Robert Esmie, Glenroy Gilbert, Donovan Bailey et moi, Bruny Surin : 4 coéquipiers, mais avant tout 4 athlètes à l’ambition plus grande que nature et aux aspirations infinies.

Comment est-ce possible de performer en équipe, le temps d’une course,  alors que chacun a à cœur son propre développement, son propre succès et sa carrière?

Bien qu’ils fussent rapides, nous étions animés par une énergie indescriptible, unis par une force commune et que les Américains ne possédaient pas : la synergie. Grâce au départ en flèche du premier coureur, à la transmission du témoin entre tous les coéquipiers et les foulées puissantes de chacun, nous avons franchi la ligne d’arrivée la tête haute, tous aussi déterminés les uns que les autres à réussir ensemble.

Comment se manifeste la synergie? «Lorsque tous les membres d’une même équipe agissent ensemble et ont comme objectif une mission commune, le résultat s’avère plus grand que si le travail avait été effectué individuellement.»

Bref, le succès est le fruit des efforts de tous les membres de l’équipe, mis en commun.

À chaque personne son rôle

Afin qu’une équipe soit performante, il faut considérer les forces naturelles de chacun. Cela signifie que chacun doit accepter sa place, son rôle au sein de l’équipe en fonction de ses aptitudes. Cela signifie également qu’il faut mettre son ego de côté pour mieux avancer.  Et de  l’ego chez un coureur de 100 mètres, croyez-moi, il y en a beaucoup! Mais pour performer ensemble, l’on doit canaliser notre énergie et nos forces personnelles, puis les mettre en commun au profit de notre équipe.

Lors de nos courses à relais, par exemple, la place de chaque gars était calculée, réfléchie et songée par notre entraîneur. Ce dernier, tel un chef d’orchestre, nous dirigeait. Il nous connaissait très bien et nous voyait courir depuis des années. Il savait reconnaître les forces de Robert, Glenroy, Donovan ainsi que les miennes.  Après nous avoir fait faire des tests en entraînement, c’est lui qui a pris la décision de nous attribuer notre ordre de course.

Dans un milieu aussi compétitif que le sport, et même en affaires, un  point de vue objectif en ce qui a trait aux forces et aux faiblesses de chacun est essentiel (entre autres pour éviter les tensions et les conflits).

La confiance : un défi de taille

En course individuelle, sur la ligne du départ, tu es seul. C’est une question d’ego à 100%. À ce moment précis, tu veux gagner, point à la ligne. Tu es là pour toi, même si ton coéquipier ou ton meilleur ami est à ta droite. Tu ne comptes que sur toi-même et tu es en parfaite communion avec ton esprit.

En relais, c’est tout à fait différent! Le principal défi est d’avoir confiance en l’autre. Parce que dès que notre coéquipier arrive à la marque de référence,  on doit commencer à sprinter, sans se retourner pour vérifier où il est rendu. On doit se concentrer sur sa propre performance et sur sa vitesse afin de bien recevoir le témoin et le transmettre,  sans ralentir.

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À mon avis, cela s’applique aussi au travail. Si l’on passe et repasse sur le travail d’un collègue, qu’on s’installe au-dessus de son épaule pour s’assurer que son mandat est bel et bien accompli, non seulement on ralentit le processus, mais on s’épuise, soi et l’autre.  Il faut développer une confiance inébranlable en l’autre pour réussir.

Passer le témoin

À titre d’entrepreneur, je me dois de passer le témoin et de faire confiance aux membres de mon équipe de travail.

Mon style de gestion étant relativement souple, je  ne suis pas du genre à être au-dessus des épaules de mes employés pour savoir s’ils font bien leur travail. Je leur témoigne énormément de confiance, et cela se traduit notamment par la latitude que je leur accorde. Et vous savez quoi? Ils sont plus productifs ainsi!

En leur donnant des objectifs clairs, en étant transparent dans la communication de mes attentes à leur égard, je m’assure que mes employés savent ce qu’ils ont à faire, et ce, dans un climat de confiance, car ils sentent que je compte sur eux.

D’ailleurs, je fais souvent des analogies avec la compétition. Je  dis souvent à mes employés : « Je ne peux pas faire votre travail à votre place. Je n’y arriverai pas sans vous. Je ne peux pas courir le 400 mètres tout seul. »

Je peux avoir la vision, c’est-à-dire diriger l’équipe vers l’objectif qu’on s’est fixé, mais si les membres de mon équipe ne font pas leurs tâches au quotidien et s’ils ne s’investissent pas à 100%, et bien nous franchirons la ligne d’arrivée moins vite!

Aspirer à gagner la médaille d’or en course à relais ou encore atteindre les objectifs du mois au bureau, rien de cela n’est possible si l’on est seul!

Par Bruny Surin en collaboration avec Arianne Caron

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